Lot 199
L’âme de l’atelier Moreau de Tours

L’âme de l’atelier Moreau de Tours

L’âme de l’atelier Moreau de Tours

A l’appellation usuelle de « fonds d’atelier », il paraît ici plus juste d’évoquer l’âme de l’atelier Moreau de Tours. En effet, cet ensemble constitué de trente-deux œuvres peintes, d’un carnet de dessins, de deux meubles et de trois objets ne constitue pas une accumulation disparate et hasardeuse. Et ce pour la raison qu’elle provient de la collection de Jacqueline, l’une des filles de Georges et Thérèse Moreau de Tours, née à Bois-le-Roi en 1886. Elle a quinze ans lorsqu’elle perd son papa. La succession de sa maman, née de Champ-Renaud, s’ouvre à son décès, vingt ans plus tard. Bien que ne connaissant pas le contexte de son déroulé, il apparaît, à la lueur des pièces qui sont aujourd’hui livrées à notre regard, que la jeune femme a cherché à reconstituer un ensemble cohérent retraçant la carrière artistique du grand et célèbre peintre qu’était son père, mais aussi, et surtout, à réunir des pièces ravivant ses souvenirs et dialoguant avec son cœur. Elles sont restées à l’abri des regards pendant cent ans, entre les mains de ses descendants directs. La voilà l’âme de l’atelier Moreau de Tours.
Ainsi nous débuterons avec des œuvres empruntes de la patte de l’Art officiel. Celle que Georges a étudié à l’Ecole Nationale et Spéciale des Beaux-Arts où il étudie à partir de 1870. Celle d’Alexandre Cabanel dont il fut l’élève. Celle des premiers Salons de la jeune Troisième République en mal de patriotisme et de légitimité. Puis nous sentirons l’influence de l’école de Barbizon sous laquelle point ce souffle d’impressionnisme si présent chez Moreau de Tours. Les sujets, la palette, la touche changent. Georges délaisse Paris pour sa maison de Bois-le-Roi où il peint, en pleine nature avec son épouse et modèle Thérèse, elle aussi élève de Cabanel mais unique élève de Georges Moreau de Tours. Il peint avec elle, il la peint, elle le peint. Ses thèmes reflètent la douceur d’une heureuse vie de famille dans cette belle campagne d’Ile-de-France. Jacqueline, ses sœurs Georgette et Sophie-Germaine, décédée à trois ans, son frère René et sa maman apparaissent de façon quasi systématique sur les compositions animées. Alors on se prend à imaginer Georges sortant son carnet de croquis et croquant sa femme en train de croquer, de donner des leçons de musique à ses enfants, d’effectuer des tâches ménagères. Elle est dans le jardin, à son chevalet, il se glisse derrière elle et la peint en train de peindre. Les voilà les souvenirs, fixés dans l’huile pour l’éternité. C’est cette joie simple que Moreau de Tours présente au Salon de 1896 avec « Le coup de vent », accroché au milieu de scènes historicistes ou mythologiques. Ce sont ces merveilleux moments de son enfance que Jacqueline a eu à cœur de réunir. Autant de témoignages intimistes de la tendresse d’un foyer et de l’amour d’un ménage. Amour couronné par portrait posthume de Georges réalisé par Jacqueline. Elle restitue ses traits avec grand réalisme mais lui prête ses propres larmes.
Ces trente-huit lots témoignent ainsi de la carrière d’un peintre renommé de la fin du XIXe siècle, mais également de la vie intime d’un père et d’un époux. Ils nous rappellent avec émotion que faire un bon tableau nécessite du talent et du cœur. Georges Moreau de Tours à peint de bons tableaux. K.B.

Nous remercions Mademoiselle Maëlle Perrot, étudiante en Histoire de l'Art à l'Université de Bretagne Occidentale, pôle Quimper, pour ses recherches sur Georges Moreau de Tours.

Adjugé : 168 780 €

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Experts :
- Le Cabinet E&S Portier présente les bijoux 107, 127, 129, 132 et 133.
- M. Stéphane Pinta, du Cabinet Turquin, présente le tableau 155.
- M. Marc Voisot, Atelier Chronos, présente la pendule 156.
- M. Thomas Morin-Williams et Mme Elisabeth Maréchaux présentent le dessin 177.
Karl Benz
Commissaire-priseur
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