Lot 98
Maurice DENIS (Granville, 1870 - Paris, 1943)Etude de nu pour une ménade du panneau "l'Orchestique...
Maurice DENIS (Granville, 1870 - Paris, 1943)
Etude de nu pour une ménade du panneau "l'Orchestique grecque" du théâtre des Champs-Elysées, 1912.
Fusain et pastel sur papier signé en bas à gauche. En bas à droite, mention manuscrite en marge : "Inv. n°882".
Hauteur : 46 cm. Largeur : 65 cm. (Piqûres, tâches, papier gondolé).
Provenance :
- Vente aux enchères du 13 mars 1972, n°11. Hôtel Drouot, Me Morelle.
- Collection particulière, Lamballe.
Certificat d'authenticité de Claire Denis avec avis d'inclusion au catalogue raisonné des dessins de Maurice Denis en date du 8 janvier 2002.
"Quelque chose de son coeur y habite"
Maurice Denis reçoit commande du décor des plafonds du Théâtre des Champs-Elysées en 1910. Il aura pour thème l'histoire de la musique décliné en quatre grands panneaux. Il s'agit là de sa première commande publique pour une oeuvre décorative et elle bouleversera sa façon de penser son art. Durant plus de deux ans, il y travaille d'arrache-pied depuis la conception, à l'exécution des peintures en 1912 et enfin au marouflage des 372 mètres de toile en 1913, année de l'inauguration du bâtiment. Son ami Henri Colin dira de ce décor "Quelque chose de son coeur y habite". Et en effet, cette oeuvre est essentielle dans sa carrière : "Je me juge très durement depuis le Théâtre" note-t-il dans son journal en 1913. Et de poursuivre : "Mettre de la vraisemblance après, mais pas de la volonté ou vérité de sensation dans toutes les parties. Ainsi, moins de petites choses, moins de conscience fragmentaire, une conception de l'ensemble exécutée avec facilité et entrain". Ainsi notre ménade constitue un vibrant témoignage de ce chemin de Damas de Maurice Denis.
Le nu féminin né de notre esquisse est situé à l'extrême gauche du panneau "L'Orchestique grecque". Il en garde l'exacte attitude et expression. La première est quelque peu lascive et la seconde reflète l'ivresse née des "rythmes dyonisiaques" effrénés et peut-être aussi de la coupe versée à ses côtés. Cheveux longs coiffés d'une couronne de pampres de vigne, elle fait pendant à un autre nu situé au-dessus de la signature de l'artiste qui, par sa position triviale, fit grand scandale. Il est intéressant de noter que notre oeuvre est datée 1912 alors que Denis réalise ses esquisses l'année précédente. De grandes dimensions, il a vraisemblablement particulièrement soigné son exécution.
La maquette de la coupole en est conservée au musée d’Orsay et la plupart des esquisses au musée départemental du Prieuré (Saint-Germain-en-Laye). Le musée Toulouse-Lautrec en compte quatre dans ses collections.
Estimation : 2 000 € à 3 000 €