Francis Renaud, Mathurin Méheut, Jean-Georges Cornelius : un florilège dédié à l’art breton

Mardi 25 Juin 2024 à 09h
Le 29 juin, le château de Quintin situé dans les Côtes-d’Armor accueillera la troisième édition de la vente Florilège orchestrée chaque été par le commissaire-priseur Karl Benz. Fruit d’une année de quête, ce recueil de pièces remarquables fait la part belle à l’art et au patrimoine bretons.



Chaque année, avec l’été, Karl Benz façonne un musée éphémère dédié à l’art breton, investissant pour l’occasion le château de Quintin, une bâtisse du XVIIIe siècle nichée dans les Côtes-d’Armor. « Cette vente est pensée comme un an dro mettant en branle Bretagne et reste du Monde sous un même air, annonce le commissaire-priseur, évoquant l’emblématique an dro, cette danse populaire originaire du pays vannetais. L’art breton, grâce à de puissants danseurs, a dépassé les frontières du Pays. Il est entré dans la grande danse du marché de l’Art… Par le petit doigt, lonla, lonlère. Degemer mad à la troisième édition de la vente Florilège ! »

Deux sculptures uniques de Francis Renaud

Les Bretons mèneront ainsi le bal des enchères, à l’instar de Francis Renaud (1887-1973), un sculpteur originaire de Saint-Brieuc qui, membre des Seiz Breur, œuvra au renouveau de l’art breton et à son rayonnement, remportant une médaille d’or en 1932 au Salon des Artistes Français à Paris. De cet artiste, formé à l’Ecole des Beaux-Arts de Rennes et à l’ENSBA de Paris auprès de Fernand Comont, le catalogue dévoile deux portraits sculptés de Bretonnes, témoignant du goût de leur auteur pour l’épure et la stylisation géométrique. Le premier, Vonnick ou Jeune fille de Daoulas, est l’unique exemplaire en marbre connu de Francis Renaud. « L’étude en plâtre est créée en 1927, puis éditée en terre cuite et présentée au Salon de 1935, détaille le commissaire-priseur. Notre sculpture, délicate et puissante, est très probablement le marbre présenté au Salon des Artistes Français en 1929. » Le second portrait, La Bretonne du Goëlo en terre cuite, a quant à lui la particularité d’être accompagné d’une lettre manuscrite que l’artiste adressa à son collectionneur. « Cette figure est de la plus grande rareté, se réjouit Karl Benz. Notre exemplaire, de grandes dimensions, était jusqu’alors inconnu et semble unique. Quelle chance inouïe, qui plus est, que cette lettre n’ait jamais quitté l’œuvre qu’elle concerne, et ce depuis près d’un siècle ! » Dans cette lettre, Francis Renaud, après quelques mots sur le parcours de l’œuvre et son contexte de création, encourage son destinataire, Louis Le Restif, à placer la sculpture « assez haut et autant que possible près d’une fenêtre, l’éclairage à jour frisant lui convenant mieux », et espère qu’il sera « satisfait de cette figure décorative et que la patine [lui] plaira ». « Ce témoignage rarissime, empli de douceur et d’humilité, d’exigence et de rigueur, nous plonge dans l’intimité de l’artiste et sa création ainsi que dans le secret de la livraison d’une pièce à un collectionneur », poursuit le commissaire-priseur.



Un hommage au patrimoine breton

Mathurin Méheut, Ernest Guérin, Eugène Bégarat, Louis-Henri Nicot, Geoffroy Dauvergne, Jean-Georges Cornelius, Marin-Marie, Pierre de Belay ou encore Fernand Legout-Gérard complèteront ce florilège breton, qui compte en outre maints exemples de l’attractivité de la Bretagne auprès des artistes, dont plusieurs paysages d’Henri Rivière. La vente redonnera enfin vie à l’ancien monastère des Dames bénédictines du Calvaire de Saint-Brieuc démantelé en 1964, avec la dispersion d’un ensemble exceptionnel de pierres sculptées et pierres de taille en granit provenant des galeries du cloître. Le bâtiment, fondé en 1626, fut privé de son cloître suite à la décision du maire d’ériger une salle omnisport. « Une partie de l’ensemble, comptant treize arcades, fut remontée au sein d’un complexe immobilier situé derrière la basilique Notre-Dame d’Espérance, à Saint-Brieuc, explique Karl Benz. Le reste des pierres fut entreposé dans un terrain vague, puis vendu à un particulier au début des années 2000. » Opposé au morcellement, ce dernier déposa les éléments sauvés dans sa ferme, située près de Corlay, où ils sommeillent encore aujourd’hui, dans l’attente de leur nouveau gardien.

Karl Benz
Commissaire-priseur
12bis, rue Hélène Boucher
22190 Plérin

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