Au Gouray, le mobilier de l’ancienne Kommandantur vendu au marteau !
Lundi 02 Mai 2022 à 17h30
La vente aux enchères menée par Me Karl Benz, commissaire-priseur à Plérin, a tenu en haleine le bourg du Gouray (22), samedi après-midi. (Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
En trois heures, les 150 lots de cette maison de maître située dans un bourg proche de Lamballe (22), ont trouvé acquéreur. Rare, ce type de vente aux enchères a permis à la famille de se séparer rapidement de souvenirs encombrants.
Dix ans qu’elle était vide de vie. Dix ans que les miroirs anciens et les commodes laquées se regardaient en chiens de faïence sans rien avoir à se dire. Dix ans que les toiles d’araignées envahissaient les fins tuyaux apparents et les prises de courant d’un autre âge. Dix ans de pause temporelle qu’une vente aux enchères de trois heures a fait voler en éclats.
(Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
Samedi après-midi, le bourg du Gouray, entre Lamballe et Merdrignac, a accueilli un spectacle rare et tendre à la fois. Sur le perron d’une maison de maître, située face à l’église, Me Karl Benz a manié le verbe et le marteau pour en vider une à une les entrailles. En tout, près de 150 lots mêlant mobilier divers, éléments de décoration et objets du quotidien, dont la famille héritière souhaitait se séparer.
Les Normands, les chaises pliables, et les fenêtres
Le matin, une centaine d’intéressés avait effectué une petite visite de repérage. Des gens du coin, des Finistériens. Des Normands, des Nantais aussi. Impatients et intrigués à l’idée de découvrir ce que révèle cette bâtisse en pierre grise ayant servi de Kommandantur durant la Seconde guerre mondiale.
« La magie des ventes sur place, c’est qu’on arrive à vendre des choses invendables ! »
À 14 h pile, ils sont une soixantaine. Debout, solides, pieds à 10 h 10. Ou assis, au calme, dans un pliable en toile. Tous, prêts à en découdre avec d’éventuels surenchérisseurs. Le voisinage ouvre les fenêtres, par curiosité. Regarde, d’une moue dubitative. Reste écouter, sans forcément comprendre ce qui se trame. Les uns sont au taquet, les autres sont au théâtre.
(Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
Louis-Philippe, Jeanne-d’Arc, et l’armoire intransférable
Un duo de vases bleu nuit, un portrait d’époux monochrome, une pendule à carillon. Venu de Plérin, le commissaire-priseur enfile les lots comme des perles. Ici, une anecdote rigolote sur ce canapé à oreilles d’époque Louis-Philippe dont le tissu a été noirci par le cirage des bottes des soldats allemands. Les 100 € de l’étudiante en histoire de l’art suffiront. Là, un bon mot sur cette statue de Jeanne d’Arc en biscuit de porcelaine que deux rivaux se disputent. Elle partira à 560 €.
La sculpture orientaliste représentant une jeune femme accoudée à une jarre et le canapé à oreilles d’époque Louis-Philippe dont le tissu est noirci par le cirage des bottes des soldats allemands. (Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
Un à un, les quatre niveaux de l’habitation se délestent. Les armoires, même celle du XVIIIe que l’occupant n’avait pas réussi à emporter avec lui en 44, trouvent chacune acquéreur. Pour quelques dizaines d’euros parfois. Parmi les jolies prises : la grande sculpture orientaliste représentant une jeune femme accoudée à une jarre, adjugée à 2 000 €, ou ce lustre Müller type art déco remporté pour 850 €. Au final, ce sera une vente « gants blancs », ainsi dit-on d’une razzia totale.
La poussière, les petites histoires, et le voisinage
« C’est la magie des ventes sur place, relève Me Benz qui dépoussière autant les objets oubliés qu’un métier à l’image un peu trop sérieuse. On arrive à vendre des choses invendables et d’autres, plus chères qu’on ne le pensait. Mon plaisir, c’est aussi de prendre le temps de raconter les histoires de ces objets. Et notamment ceux qui ont côtoyé la grande et la petite histoire ».
(Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
Pour la petite histoire justement, l’ancienne Kommandantur était quasi vide à 18 h 30. Un soulagement pour la famille qui s’apprête à céder les clés aux nouveaux propriétaires. Les fenêtres du voisinage se rouvriront sans doute le jour où ces derniers emménageront à leur tour.
(Le Télégramme/Benoît Tréhorel)
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