Côtes-d’Armor : un florilège d’œuvres d’art aux enchères au château de Quintin

Jeudi 23 Juin 2022 à 17h36


Le château de Quintin, dans les Côtes-d’Armor, accueillera le 25 juin une vente aux enchères d’exception. 244 œuvres d’art seront dispersées par le commissaire-priseur breton Karl Benz, dont un buste du Prince impérial par Jean-Baptiste Carpeaux, une rare faïence de Mathurin Méheut et un ensemble de tableaux inédits de Georges Moreau de Tours.

Aux pièces d’exception, glanées une année durant par Karl Benz, un château du XVIIIe siècle, niché au cœur de la petite cité de caractère de Quintin dans les Côtes-d’Armor, servira d’écrin le 25 juin prochain, le temps d’une vente aux enchères. Le commissaire-priseur entend initier en Bretagne un rendez-vous annuel pour les amoureux de l’art et du patrimoine. « Nous souhaitons, à travers cet événement hors du temps, mettre en valeur les œuvres proposées à la vente dans un écrin éphémère d’exception et faire connaître, à cette occasion, un monument emblématique de notre patrimoine régional ». Cet événement, Karl Benz l’a baptisé à dessein « Florilège », du latin florilegus, « qui choisit les fleurs ». « C’est un bouquet que j’ai l’honneur de vous offrir, conte-t-il en préambule du catalogue. Il se compose de pièces remarquables, sélectionnées pour leur qualité, leur rareté, leur beauté, ou pour l’émotion qu’elles ont en moi provoquée. Certaines ont nécessité beaucoup de soins avant de s’épanouir, de livrer leurs secrets, de diffuser leur parfum. Je connais chacune d’elles par cœur, au sens propre du terme. Et j’en aime certaines comme La Quintinie aimait ses poires. Voici donc venu le temps de vous les livrer ; de disperser cette collection éphémère que j’ai tenu à rassembler dans une des plus belles serres des Côtes d’Armor, le château de Quintin. Je forme le vœu de les voir s’enraciner dans les meilleurs sols du Globe auprès de jardiniers attentionnés. »

La Bretagne, de Marin-Marie à Mathurin Méheut
Si ce florilège se distingue par son éclectisme, réunissant un buste du Prince impérial par Jean-Baptiste Carpeaux (3 000 – 5 000 euros), un porte-manteaux signé Charlotte Perriand et Le Corbusier (2 500 – 3 500 euros), un tableau de Charles Lapicque (2 000 – 3 000 euros), une ménagère Art déco par Laparra (3 000 – 5 000 euros) et deux véhicules emblématiques du patrimoine français, des Citroën 2CV, la vacation fait naturellement la part belle aux artistes locaux, à l’instar de Mathurin Méheut (1882-1958), dont une aquarelle et une paire d’assiettes côtoient une rare faïence exécutée autour de 1928-1930 au sein des ateliers Henriot de Quimper (4 000 – 6 000 euros). « Cette pièce d’une qualité époustouflante était conservée dans une propriété de Saint-Brieuc, détaille Karl Benz. Elle est rarissime. Le fruit de nos recherches nous permet d’identifier avec certitude seulement trois autres exemplaires de ce groupe, tous en mains privées ». Si Méheut s’illustra en coloriste de génie, il sublime ici, au seul moyen d’un monochrome blanc, le geste d’une femme de Roscoff traînant des squales et roussettes en une danse rituelle – « Dès mon enfance, j’ai subi l’attraction de l’océan. […] Je m’attachai aux travailleurs de la mer, aux combattants de la mer, à ceux qui la ressentent de si près dans leur corps qu’elle leur donne cette allure et ce caractère inimitable ». Une attraction pour la mer bretonne et ses travailleurs que Méheut partage avec maints artistes de la vente, tels les peintres de marine Marin-Marie et Albert Brenet, ou Ernest Guérin, dont une aquarelle donne à voir des Sardiniers à l’œuvre au cœur d’une nature silencieuse.




L’âme de l’atelier de Georges Moreau de Tours
La vente sera enfin marquée par la dispersion d’une trentaine d’œuvres inédites de Georges Moreau de Tours (1848-1901), un artiste originaire de la région parisienne, élève d’Alexandre Cabanel et de Gustave-Lucien Marquerie, qui s’illustra au cours de la seconde moitié du XIXe siècle à travers des scènes de genre, des portraits et des sujets patriotiques. « Toutes les œuvres proviennent de la collection de Jacqueline Moreau de Tours, l’une des filles de l’artiste. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un fonds d’atelier, mais d’un ensemble d’œuvres sélectionnées par sa fille tant pour leur qualité que pour les souvenirs familiaux qu’elles lui évoquent. » L’un des tableaux sonne comme le testament de l’œuvre publique de Georges Moreau de Tours. L’artiste y dépeint avec tendresse ses filles, Jacqueline et Georgette, lavant du linge dans un baquet, tandis que son épouse Thérèse, surprise par un coup de vent, l’étend. C’est avec cette œuvre, accompagnée de Dilettanti, que le peintre fait sa dernière apparition au Salon des Beaux-Arts, en mai 1896. « Après avoir travaillé à glorifier la France dans le sang et la poudre, il nous offre ici une scène intime enveloppée de la douceur d’un soir de fin d’été, décrit Karl Benz. Une scène naturaliste on ne peut plus anodine érigée en monument par son format (134,5 x 195 cm). La gloire de Georges Moreau de Tours, c’est sa famille ».

Si la sélection comprend plusieurs travaux préparatoires pour des commandes étatiques, à l’instar de Vive la France ! Ou la mort du sergent Gombault dont le tableau définitif orne la salle d’honneur de l’hôtel de ville de Dinan, ou d’une étude destinée à la salle des mariages de la mairie de Courbevoie, elle dévoile un pan plus intimiste du travail de Georges Moreau de Tours qui, délaissant la peinture d’Histoire, se concentre à la fin de sa carrière sur ce qui lui est cher, à savoir son épouse et ses trois enfants. « La section s’achève avec un portrait de l’artiste réalisé par son épouse qui fut également son élève. Ce tableau posthume est d’une puissance bouleversante. Le regard du peintre est saisissant. Ses yeux sont humides. Thérèse y a placé ses propres larmes ». Autant d’œuvres qui, invitant à pénétrer l’âme de l’atelier de Georges Moreau de Tours, n’avaient jusqu’alors jamais quitté le cocon familial.

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